Roquefort
APLBR : les éleveurs à l'heure du bilan et des grands enjeux
Entre bilan de terrain, centenaire de l’AOP et mobilisation pour la défense du lait cru, la filière Roquefort et ses éleveurs vivent un moment charnière.
Entre bilan de terrain, centenaire de l’AOP et mobilisation pour la défense du lait cru, la filière Roquefort et ses éleveurs vivent un moment charnière.

L’association des producteurs de lait de brebis de l’aire Roquefort (APLBR) était de retour sur le terrain durant le mois de septembre. Neuf réunions territoriales étaient programmées, en Aveyron, Tarn et Lozère, pour faire le point avec les éleveurs sur les travaux entrepris et les actualités du moment pour la filière. Dans le Tarn, le rendez-vous était donné le 29 septembre à Castres le matin et Lacaune l’après-midi et le 30 septembre à Alban, pour rencontrer les éleveurs du secteur. Le président de l’APLBR Jérôme Faramond a notamment présenté les premiers résultats de l’enquête “Ferme Roquefort”, réalisée en 2024. Basée sur les données de l’année 2023, l’enquête s’inscrit dans la démarche AOP Durables du CNAOL (conseil national des appellations d’origine laitières) et permet de dresser un panel représentatif des pratiques et caractéristiques des élevages du rayon Roquefort dans chaque aire géographique.
Un anniversaire bénéfique pour les ventes ?
Le président est également revenu sur les différentes animations relatives aux 100 ans de l’AOP Roquefort, entre Salon de l’Agriculture, colloque à l’Assemblée Nationale ou fête du Roquefort. “On a eu une reprise médiatique importante, autant dans les médias nationaux que locaux. Les éleveurs peuvent être fiers d’appartenir à cette appellation, qui bénéficie d’une notoriété non négligeable”, se réjouit Jérôme Faramond. Une popularité qui a pu se vérifier en juin, à l’occasion de Roquefort en fête. 25 000 visiteurs ont arpenté les rues de la commune pendant deux jours pour goûter aux nombreuses préparations culinaires. Le président a souhaité remercier l’implication des éleveurs bénévoles, “qui ont permis la réussite de l’événement”, et salué la participation de chefs de renom, dont Michel Sarran et Noémie Honiat. Un mois plus tard, le Président de la République Emmanuel Macron rendait visite aux éleveurs et aux représentants de la filière à Roquefort, “une image forte et une chance, je ne sais pas si on reverra un jour un Président dans la commune”, note avec enthousiasme Jérôme Faramond. À cette occasion, plusieurs sujets importants ont été évoqués avec le chef de l’État : prédation, installation, défense du lait cru (voir ci-dessous) ou scoring environnemental. Autant d’événements et célébrations qui ont permis pour le moment une stabilisation des ventes de Roquefort en 2025, après quelques années de baisse.
Des élections en 2026
En avril 2026, l’APLBR renouvellera son bureau et son assemblée générale via de nouvelles élections. 88 administrateurs sont répartis dans trois collèges : collège économique, collège territorial et collège syndical. Après le dépôt des candidatures jusqu’en mars, le vote en ligne s’effectuera fin mars début avril. L’APLBR représente tous les éleveuses et éleveurs au sein de la Confédération Générale de Roquefort.
Les AOP laitières veulent un plan pour le lait cru
À l’occasion des 100 ans de l’AOP Roquefort, l’assemblée générale du Cnaol (AOP laitières) s’est tenue le 26 septembre à Millau en Aveyron. Sur place, le Conseil national des appellations d’origine laitières, via son président Hubert Dubien, a tiré la sonnette d’alarme au sujet des fromages au lait cru. Le Cnaol a proposé de mettre en place dès l’automne une concertation nationale sous l’égide des ministères de l’Agriculture et de la Santé, pour bâtir un plan de sauvegarde de lait cru. Ce plan vise à “renforcer la recherche scientifique et mieux penser les risques, accompagner économiquement et techniquement les filières, soutenir la formation et la communication auprès des consommateurs et anticiper et gérer collectivement les crises sanitaires”. “Nous sommes à un moment charnière. Le lait cru est une richesse collective, mais si rien n’est fait, il risque de disparaître”, alerte Hubert Dubien. “Si le Gouvernement se positionne en faveur du lait cru, il faudra qu’il y ait des actes concrets derrière”, déclare de son côté Jérôme Faramond. Selon le Cnaol, la filière des fromages au lait cru subit une pression sanitaire croissante liée à la gestion des épizooties, aux mesures de précaution renforcées et aux destructions de lots, fragilisant la rentabilité des acteurs du secteur. Parmi les mesures proposées, des analyses pour détecter plus rapidement des bactéries chez le producteur, surveiller les nouveaux pathogènes, mieux former les professionnels ou communiquer davantage sur les bienfaits de la consommation du lait cru pour la santé humaine.