Syndical
A.Rousseau à l'écoute des représentants de la FDSEA 81
Cédric Vaute et les administrateurs ont échangé en toute simplicité avec leur président national. Un seul mot d’ordre «tout mettre en œuvre pour continuer à produire demain, et dégager un revenu, Ici c'est le Tarn, terre syndicale agricole !»
Cédric Vaute et les administrateurs ont échangé en toute simplicité avec leur président national. Un seul mot d’ordre «tout mettre en œuvre pour continuer à produire demain, et dégager un revenu, Ici c'est le Tarn, terre syndicale agricole !»

Un paysan venu parler à d’autres paysans. Arnaud Rousseau, président FNSEA, était l’invité spécial du conseil d’administration de la FDSEA jeudi 9 octobre au Domaine Carcenac à Montans et a posé cartes sur table. Devant une quarantaine d’agriculteurs et représentants du syndicat tarnais, il s’est exprimé avec franchise sur plusieurs sujets de préoccupation. En préambule, le président de la FDSEA du Tarn, Cédric Vaute, accompagné à la tribune de ses co-secrétaires généraux Cyril Bousquet et Christophe Caussé, a dressé le panorama de l’agriculture dans le département, avec des filières diversifiées et à valeur ajoutée mais qui souffrent du contexte actuel. Interpellé sur le modèle économique à adopter pour demain, Arnaud Rousseau détaille la vision de la FNSEA : “une entreprise agricole, quelle qu’elle soit, peut se développer par sa taille ou sa valeur ajoutée. Maintenant, il y a une réalité, c’est le dérèglement climatique qui nous oblige tous à nous adapter. Et l’équilibre entre tout ça, c’est le revenu. Pour y arriver, il faudra des volumes, du prix, un soutien clair via les politiques publiques et des moyens de production.” Sur ce dernier point, les élus ont souhaité alerter le président : “dans le syndicalisme, ça fait longtemps que je parle des moyens de production. Le problème, c’est qu’avec moins d’aides PAC et des réglementations supplémentaires en plus de celles de l’Europe, on ne s’en sort plus. Ma peur aujourd’hui, c’est de ne plus arriver à produire demain. La réalité du dérèglement climatique devrait aider pour le stockage de l’eau mais on n’y arrive pas. Cela veut dire aussi qu’il y aura plus d’insectes mais on prend sans arrêt des interdictions pour lutter contre eux. Avant, les pays étrangers venaient voir nos fermes françaises car on était des modèles, aujourd’hui ils ne viennent plus, cela veut bien dire quelque chose.” Le producteur a également alerté sur les dégâts de faune sauvage de plus en plus nombreux et problématiques pour les cultures tarnaises.
DNC : comment stopper la contagion et l'arrêt des exportations !
Du côté de l’élevage, le spectre de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) se rapproche dangereusement, avec l’apparition de cas dans le nord-est de l’Espagne, et inquiète grandement les éleveurs tarnais. “Je suis en colère contre la gestion de la DNC, on a subi de la FCO et de la MHE, on s’est senti isolé et pas entendu par rapport aux moyens mis en place contre ces maladies, alors qu’on nous répétait qu’il fallait vacciner. Et aujourd’hui, on voit arriver la DNC, d’abord en Savoie et maintenant en Espagne, proche de notre région, et la vaccination n’est pas autorisée si l’on n’est pas en zone réglementée. Le paradoxe c’est que si on rentre en zone réglementée, l’exportation de nos animaux ne sera plus possible. Impossible de maintenir un revenu dans ces conditions. Si ça arrive chez nous, beaucoup d’éleveurs ne s’en relèveront jamais s’ils doivent abattre leur troupeau. C’est tout un patrimoine génétique de plusieurs générations qui peut partir en fumée. Quand on en parle entre nous, on a la boule au ventre.” Pour Arnaud Rousseau, “tout le monde redoute cette maladie et ses conséquences. Et c’est normal que la crainte habite les éleveurs. Les épidémiologistes disent que le dépeuplement est la solution de protection la plus efficace. Je suis allé voir les éleveurs qui ont abattu leurs bêtes en Savoie, le choc était terrible. Ils ont fait des sacrifices pour sauver le troupeau français, avec l’idée qu’on arriverait à stopper la maladie. En revanche, il y a aussi des éleveurs irresponsables qui n’ont pas pris ça au sérieux et ont fait diffuser la maladie. Ce truc, c’est contagieux, on y arrivera que si tout le monde se tient à carreaux et si tout le monde vaccine quand c’est possible. Sur ces sujets, il y a personne d’autre que la FNSEA et JA qui sont au boulot.”
Deux syndicats impliqués dans les sujets du moment mais qui pêchent au moment de communiquer. C’est ce qui ressort également des échanges avec les élus tarnais. “Je partage ce constat, leur répond Arnaud Rousseau, après les élections Chambre, on disait que la FNSEA allait perdre son influence. Je peux vous dire que ce n’est pas le cas. Le vrai sujet, c’est le réseau et le terrain. La FNSEA produit un nombre de notes et de données important mais cela ne descend pas assez sur le terrain. On doit travailler sur ça.” Autre constat partagé au président national, une cassure de plus en plus marquée dans le réseau entre les départements du nord de la France et ceux du sud. “Cet été, on a beaucoup entendu parler d’acétamipride, comme quoi c’était important pour les betteraviers du nord de la France mais nous dans le sud, l’acétamipride, c’est un très bon levier pour des colzas qu’on arrive pas à implanter par exemple mais on n’en parle pas. Qu’on le veuille ou non, ça crée un écart et ça s’est confirmé avec le résultat des élections”. “J’entends qu’il y a un sujet entre le nord et le sud. Je suis en région Occitanie et Nouvelle-Aquitaine très régulièrement, parce que vous êtes l’avant-garde de ce que va subir l’agriculture française avec le dérèglement climatique, justifie Arnaud Rousseau, il y a de nombreux sujets ici autour du stockage de l’eau, de la création de valeur et du maintien des filières. La FNSEA est présente aux côtés des agriculteurs de votre région pour les accompagner face à tous ces sujets. Et puis je ne suis pas tout seul, vous avez des élus dans votre territoire, qui représentent votre région à la FNSEA et qui font remonter ces problématiques.”
Après plus de trois heures d’échange, la rencontre s’est clôturée autour d’un repas partagé en commun, qui a permis de poursuivre les discussions autour des défis cruciaux à venir pour l’agriculture tarnaise.