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Élevage
"Je me voyais pas faire autre chose"

Récemment installé avec son père sur la commune de Carlus, Aurélien Roch vit aujourd’hui à travers le domaine agricole qui le passionne : l’élevage de volailles.

Aurélien Roch s'est installé sur l'exploitation de son père en tant qu'éleveur de volailles.

C’est en août 2021 que le jeune agriculteur de 23 ans a véritablement décidé de se lancer. Son projet est clair : investir sur des bâtiments de volailles afin d’amener un revenu supplémentaire sur l’exploitation. Le Paysan Tarnais est donc parti à la rencontre d’Aurélien, afin d’en savoir un petit peu plus sur son installation, et sur ses motivations.

Se former pour acquérir les bases

Représentant la cinquième génération d’agriculteurs dans sa famille, on pourrait penser et prétendre que le jeune installé avait déjà un parcours tout tracé. Néanmoins, il assure le contraire : “Mon père ne m’a jamais poussé vers un domaine quelconque. Je suis éleveur aujourd’hui, et cela part d’une décision personnelle. Mais c’est vrai que lorsque j’ai décidé de partir étudier à Fonlabour, il n’a évidemment pas dit non !” s’amuse t-il. Son année de 3ème et son Bac pro en productions animales marquent réellement le début de l’aventure d’Aurélien. Par la suite, il intègre le BTS ACSE (Analyse, conduite et stratégie de l'entreprise agricole) pour approfondir ses connaissances, qui lui sont très utiles aujourd’hui : “Je me rends compte que je n’ai pas appris l’aspect comptabilité/gestion pour rien ! C’est devenu primordial car on n’a que très peu de marge de manœuvre, on ne peut pas se planter. Nous avons une comptable pour notre exploitation, et je comprends tout ce qu’elle fait, contrairement à mon père qui n’a jamais suivi un enseignement comme celui-ci.” Un stage durant sa formation lui a également permis de “mettre un pied à l'étrier”, et de confirmer son envie de travailler dans le domaine. Après avoir vécu une aventure de quelques années plutôt théoriques (mais bénéfiques !), dans lesquelles Aurélien a pu acquérir de nombreuses compétences, il est désormais l’heure pour lui de les mettre en pratique, et de se jeter dans le grain bain du monde professionnel agricole, aux côtés de son père Thierry. Le jeune éleveur est conscient que rien ne vaut la pratique pour continuer à se former : “La technique c’est le terrain, c’est les anciens”, exprime-t-il, même si on reste perplexes sur le fait que son père apprécie la déclaration !

Il a trouvé sa voie !

Depuis l’installation d’Aurélien sur l’exploitation, ce sont deux bâtiments de 400m² qui ont été construits, et qui abritent séparément aujourd’hui 4 400 poulets et 5 200 pintades, en Label Rouge. Selon lui, l’élevage de volailles présente des atouts intéressants : “Le niveau d'investissement ne coûtait pas des sommes astronomiques, et c’est une des productions pour lesquelles on a un peu de visibilité par rapport au prix et à la demande”, explique t-il. Toutes les volailles sont à leur sortie commercialisées dans les abattoirs locaux par le groupement AVS (Association des volailles du Ségala), dont Aurélien fait partie. Il observe quelques petites différences entre les deux espèces : “La pintade demande un petit peu plus de travail, en étant bien pointilleux car elle reste plus fragile." Les pintades proviennent de la Maine-et-Loire, et les poulets des Landes. Sur l’exploitation, ces derniers ont accès à un espace extérieur de près d’1 ha, qui est accolé au bâtiment : “La réglementation, c’est 2 m² pour les animaux labellisés. Mais nous avions de la place, donc on a aménagé un terrain un peu plus grand”, explique Aurélien.

En Gaec avec son père

“Mon père avait déjà songé à intégrer un élevage de volailles sur son exploitation, mais étant seul, c’était plutôt compliqué”. En EARL depuis 2009, Thierry est donc passé en Gaec avec son fils une dizaine d’années plus tard. 140 ha de céréales et 19 ha de vignes recouvrent une très grande partie de la surface de l’exploitation. Aurélien apporte des précisions sur le sujet : “On avait assez de travail pour deux, mais pas assez pour dégager deux revenus. Mon père gère entièrement la partie vigne, chacun met sa main à la pâte pour les céréales, et moi je m’occupe de l’élevage.” L'installation de ce dernier tombe à pic, et chacun y trouve alors son compte : “Même si nous sommes novices tous les deux vis-à-vis des volailles, c’est quand même rassurant de s’installer en famille, sur l’aspect existant et en termes d’expérience surtout. Le fait qu’il y avait déjà de l’ancrage et une société derrière a facilité certaines choses pour mettre en place ce projet conséquent”, confie le jeune éleveur. L’aspect du revenu était un facteur à prendre en compte, mais celui du climat aussi : “Nous sommes très tributaires du temps. L’année passée, les céréales n’ont pas rendu, et la vigne non plus. L’élevage est donc un bon moyen d’assurer la production globale. On ne voulait pas mettre les œufs dans le même panier ”, explique Aurélien, qui poursuit : “On revient en quelques sortes en arrière. Les anciens avaient un peu de tout sur leurs exploitations. Plus on sera diversifiés avec différentes productions, moins le chiffre à la fin de l’année sera aléatoire. Il ne faut pas oublier qu’on travaille pour vivre, et non que l’on vit pour travailler !”

Son ambition affectée

“Pour le moment c’est porteur.” Malgré tout, ses objectifs ont changé en quelques années : “J'avais réalisé des études sur mon projet, mais bien avant que la guerre ne se déclenche en Ukraine. Les marges qu’on devait faire ne sont donc pas du tout les mêmes aujourd’hui. Ça reste porteur, mais c’est plus compliqué que prévu.” Les revenus n’ont pas augmenté proportionnellement aux charges : “Le prix de l’aliment est passé de 350 à 520 € à la tonne. De l’autre côté, le prix de la volaille a vu passer quelques hausses mais ça reste insuffisant. Et puis on ne peut pas aller plus haut, ça deviendrait beaucoup trop cher”, se chagrine Aurélien.

L'épisode de l'influenza

Le nouvel installé n’a pas vraiment de recul, de par sa jeune expérience, sur l’influenza aviaire. Néanmoins, il a pu s’en faire une idée, et y être confronté avec les récents épisodes qui ont touché le secteur d’Albi : “L’idéal serait de trouver un vaccin ou quelque chose pour pallier à ça. Malheureusement elle est désormais ancrée et présente sur le territoire. Ça reste quand même un petit peu stressant de s’installer durant ces périodes-là.” Il assure tout de même qu’il n’a pas été fortement impacté par les derniers événements : “Nous n’avons pas eu de mesures drastiques ni d’abattages.” Cependant, si cela n’a pas été répercuté du point de vue sanitaire sur l’élevage, on ne peut pas en dire autant de l’administratif : “Nous avons eu des problèmes de paperasse surtout, car il fallait faire des laissez-passer pour les volailles que l’on sort progressivement. J’ai dû passer des journées au téléphone,on était dans le cercle rouge mais rien n’était clair, c’était un enfer. Heureusement, les services vétérinaires du Tarn ont été très réactifs.” La marge a elle aussi été impactée : “Nous avons dû faire des tests avec des écouvillons sur 60 animaux avant chaque sortie. Étant réalisés avec un vétérinaire et un laboratoire agréé, ça a un certain coût.” On souhaite évidemment qu’il n’ait jamais à le faire, mais Aurélien saurait reconnaître un potentiel cas sur son élevage : “On commence à avoir des suspicions à partir du moment où la mortalité est anormale, ou bien si on observe une baisse de consommation d’eau ou d’aliment.”

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