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Fontrieu
Jonathan Mehal est comme un poisson dans l’eau ! 

Installé depuis 2014 au bord du ruisseau des Agrès, l’éleveur et producteur de poissons profite d’un cadre de travail fort agréable pour faire vivre sa pisciculture au cœur de la nature.

Pisciculture, ferme aquacole…il est possible d’employer différents termes pour décrire l’exploitation de Jonathan Mehal, créée en 1976, et qui met en avant un élevage artisanal de salmonidés. Le Paysan Tarnais est récemment parti à sa rencontre sur son lieu de vie, afin qu’il puisse nous faire découvrir son activité quotidienne et son métier au sein de la pisciculture de Jaladieu, où vivent en harmonie truites fario, arc-en-ciel, et saumons de fontaine notamment.

Un statut agricole, mais…

L’exploitation aquacole de Jonathan est soumise au régime agricole. Néanmoins, l’éleveur se montre incrédule : “J’ai un petit peu l’impression d’être agriculteur…mais sans vraiment l’être”, pose-t-il. Il s’explique : “Je fais de l’élevage hors sol. Je possède un statut agricole c’est vrai, mais malheureusement, ni la PAC ni le régime des calamités agricoles ne s’appliquent sur mon élevage.”

L’eau à proximité

Ce n’est pas un hasard si la pisciculture de Jaladieu est installée au bord d’un ruisseau et au niveau d’un bassin versant forestier. “S’il n’y a pas d’eau, c’est bien évidemment très compliqué de faire de l’élevage aquacole”, introduit Jonathan. Le cours d’eau naturel permet d’apporter l’élément vital aux poissons, qui ont besoin d’oxygène et d’apports nutritifs pour se développer. L’éleveur se réjouit de se voir offrir une telle richesse naturelle : “Malgré les étés caniculaires, il y a constamment un stock naturel d’eau. Car si on remonte le cours d’eau, on y trouve des tourbières. Ce sont ces dernières qui préservent le ruisseau, et qui maintiennent l’activité aquacole ici.” Pour exploiter au mieux ce “don de la nature” et le mettre au profit de son activité, Jonathan dévie le cours d’eau, afin d’alimenter par gravité ses 21 bassins d’élevage.

“Un milieu fragile”

C’est évident, la ressource en eau est nécessaire en certaine quantité. Mais c’est aussi et surtout la qualité qui est scrutée de près par l’éleveur : “J’élève des animaux d’eau vive, qui demandent un apport d’oxygène constant. C’est un milieu fragile dans lequel on doit éviter les grosses densités d’élevage car elles peuvent amener du stress. De plus, je procède régulièrement à des analyses et des prélèvements d’eau.” La truite représente aussi, elle-même, une référence pour analyser la qualité de la ressource : “Dans les réseaux d’eau à Paris par exemple, la truite est parfois utilisée pour observer d’éventuels problèmes. Si elle vient à mourir, la qualité de l’eau est remise en cause. La santé de la truite est une vraie preuve de qualité du milieu !” illustre-t-il. L’élevage doit alors se développer dans un environnement et un contexte sain. La saisonnalité peut parfois jouer des mauvais tours aux poissons : “Je suis très tributaire du climat. Si l’eau est trop froide, il n’y aura pas beaucoup de croissance. Et si elle est à l’inverse trop chaude, il y aura plus de mortalité, et les bactéries seront beaucoup plus actives et virulentes. Je dois être vigilant tout au long de l’année, même à l’automne lorsque les feuilles peuvent venir obstruer les arrivées d’eau”, explique Jonathan Mehal. L’élevage peut aussi être impacté par des nuisibles, et c’est le cas actuellement : “Le vison d’Amérique, c’est un gros fléau. Ces grosses fouines ont déjà dû me manger près de 50 000 poissons ces deux dernières années”, se chagrine l’éleveur, qui est obligé de déplorer des pertes financières conséquentes.

De l'œuf…

Jonathan procède à une reproduction artificielle de son élevage au cours des mois de novembre et de décembre. “Je suis également tributaire de l’intensité lumineuse, car le poisson va rentrer en période de fécondation au moment où les journées seront les plus courtes. Mais c’est délicat de laisser faire les choses avec des carnassiers, c’est pour cela que je fais de la reproduction artificielle. Grâce à ça, il y a entre 90 et 95% de réussite à la fécondation, contre 1‰ pour la reproduction naturelle”, commente l’éleveur. Tout cela se passe dans les bassins d’une écloserie, alimentée à l’eau de source. Ensuite, un cheminement bien précis s’opère : “La première étape est marquée par la période d’incubation des œufs de 350 degrés-jours. Après ça, les poissons entrent en période de vésicule. Ils se retrouvent alors sur le flanc puisqu’ils ne savent pas nager, et munis d’une réserve alimentaire, ils la consomment pour se développer petit à petit. À la suite de cette période de sevrage, le poisson devient nageant, et je commence à intervenir plus sérieusement, en leur apportant de la farine de poisson notamment”, raconte Jonathan Mehal, avant de confier que l’inflation le touchait lui aussi de plein fouet : “J’ai connu la nourriture à un prix en dessous d’1 € le kilo. Aujourd’hui, on est à 2,20 €. L’oxygène pour transporter les poissons sur le marché a aussi augmenté...” Cela confirme une fois de plus que la flambée des prix n’épargne personne. Mais revenons-en à nos poissons. Au cours de leur développement, ils commencent logiquement à grossir, et il devient nécessaire de diviser les bassins afin de respecter la biomasse. Lorsqu’ils atteignent une longueur de 3 à 4 cm, ils sont transférés dans les bassins extérieurs pour arriver quelques mois plus tard à maturité (entre 25 et 30 cm, pour un poids de 250g environ).

…jusqu’à la commercialisation 

Depuis l'œuf, environ deux années se sont écoulées pour la truite fario, et plutôt un an et demi pour l’espèce arc-en-ciel. Il est donc venu le moment de vendre les poissons arrivés à maturité. Interrogé sur les circuits de commercialisation qu’il emprunte, Jonathan nous fait savoir qu’il a “tout d’abord été très déçu par la grande distribution. C’est pour cela que je privilégie la vente directe. Je suis présent sur différents marchés tarnais : Saint-Juéry, Réalmont, Castres, Lacaune et sur la foire de Brassac.” Il poursuit : “Je vends aussi à des associations de pêche pour procéder à des repeuplements”, indique-t-il. Au total, ce sont près de 20 tonnes de poissons qui sont vendus chaque année. La vente se fait aussi directement sur place, à la pisciculture de Jaladieu, où Jonathan accueille le public à bras ouverts !

Sur tous les fronts !

Il est clair que 21 bassins d'élevage, ça prend de la place. Mais les 4 hectares de terrain sur le site regorgent encore de surprises ! En effet, l’éleveur s’est aménagé une cuisine et un laboratoire. Ce dernier lui permet notamment de diversifier ses produits de vente : truites fumées, vidées, accras de truite, rillettes, ou filets de saumon gravlax par exemple.
Jonathan jongle entre son élevage et sa clientèle : “J’essaye de développer de plus en plus l’accueil d’événements, pour les maisons de retraite, centres aérés, communions, mariages…J’ai même eu l’honneur de recevoir toute l’équipe du Castres Olympique il y a quelques mois ! Je mets aussi en place des journées portes ouvertes avec des repas à thème à base de poisson essentiellement”, se réjouit-il. C’est surtout l’été que la fréquentation est la plus importante, et le point d’eau à l’entrée de l’exploitation n’y est pas pour rien. Il est destiné à une activité de pêche pédagogique qui est proposée sur le site. Afin de gérer au mieux ces périodes de fortes affluences, il peut également compter sur le soutien de sa fille, qui envisage par ailleurs une carrière dans l’aquaponie maraîchère ! C’est le cas de le dire, tel père, telle fille !

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