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Lait
La hausse du prix se fait attendre dans les fermes

Les signaux sont au vert sur les marchés. Pourtant les éleveurs laitiers déplorent de ne toujours pas voir le prix du lait grimper, alors qu’ils font face à une forte progression de leurs charges.

© CP

Les industriels laitiers privés l’assurent : le prix du lait payé aux producteurs en 2021 sera supérieur au prix moyen 2020. C’est en tout cas ce que garantit Robert Brzusczak, président de leur fédération, la Fnil, lors de leur assemblée générale du 3 juin. Cette hausse serait la conséquence des négociations commerciales annuelles avec la grande distribution et d’une «situation des marchés qui s’améliore». Le lait s’est en effet relativement bien sorti du jeu des dernières négociations commerciales. Si l’ensemble des produits a connu une baisse de prix de l’ordre de 0,3 % en prix 3-nets, les produits laitiers (incluant également le rayon œufs) ont bénéficié d’une hausse de tarifs de 0,5 %.
Côté marchés des produits laitiers, Benoît Rouyer, économiste à l’interprofession laitière, note une «forte progression du prix des produits laitiers industriels» depuis le début de l’année 2021. La progression de 800 € la tonne à 4 000 € des cours du beurre en l’espace de quatre mois et demi, ou encore de 350 € à 2 600 € la tonne de poudre de lait écrémé, en sont les parfaites illustrations.

Toujours rien dans les fermes

Pourtant, plus en amont, les éleveurs ne voient encore pas grand-chose arriver sur leur fiche de paie du lait. Selon FranceAgriMer, le prix réel du lait conventionnel a perdu en moyenne 6,40 € au 1er trimestre 2021 par rapport au 1er trimestre 2020, soit 1,8 % de sa valeur.  Et les analystes de conclure: «À 350,50 €/1000 l en mars, il ne semble donc pas avoir encore intégré ni la hausse des coûts de production ni celle des prix des produits laitiers ingrédients». En effet, les charges des éleveurs, elles, n’ont pas eu de difficultés à augmenter. L’Ipampa lait de vache a «atteint en mars un niveau historiquement haut», fait savoir FranceAgriMer.
«Le coût des aliments achetés a poursuivi sa hausse jusqu’en février 2021, retrouvant les niveaux records de 2013, avant de se stabiliser en mars. Les postes énergie et engrais ont également fortement progressé», précise l’établissement public.
Pris en tenaille entre des coûts de production qui augmentent et des prix en repli, les éleveurs voient leur marge se réduire, et ce malgré une meilleure valorisation de la viande de vache de réforme. En se fiant à l’indice Milc, l’indicateur de la marge des éleveurs laitiers, cette dernière a continué de se contracter au cours du 1er trimestre 2021.

«Signal positif urgent»

Face à cette situation, les syndicats donnent de la voix. La FNPL (producteurs laitiers FNSEA) explique que «les producteurs de lait ne sont pas satisfaits du prix payé ce début d’année 2021, loin de là». Parlant d’eux comme des «sacrifiés de la pandémie», le syndicat assure qu’il n’en restera pas là. Dans l’Ouest, les Jeunes agriculteurs des Pays de la Loire et de Bretagne ont envoyé une lettre ouverte aux laiteries expliquant que «l’effet ciseau devient très compliqué à gérer dans les exploitations». Ils demandent un «signal positif urgent». Les bonnes nouvelles n’ont jamais semblé aussi proches pour les éleveurs. «Nous savons que les formules de prix prennent en compte les indicateurs des derniers mois et, que de ce fait, la hausse des prix devrait arriver», concèdent les Jeunes agriculteurs. «Il y a toujours un décalage de deux ou trois mois sur le prix payé aux éleveurs», conforte également Robert Brzusczak de la Fnil. Pour Benoît Rouyer du Cniel, cette «probable amélioration du prix du lait à la ferme» devrait avoir lieu «au cours du troisième trimestre 2021».

Les industries agroalimentaires alertent sur la flambée des coûts

L’Ania (industries agroalimentaires) «alerte sur la flambée du prix des matières premières et les fortes tensions sur les approvisionnements». La fédération explique que «la crise de la Covid-19 bouleverse les équilibres économiques mondiaux et génère d’importantes tensions sur le prix et la disponibilité des matières premières agricoles, alimentaires et industrielles sur fond de forte reprise et d’aléas climatiques». Cette situation conjoncturelle demande un besoin de hausse tarifaire de 9 % en moyenne. Les industriels rapportent en effet des hausses de prix des matières premières alimentaires de 22 % et de 14 % des matières premières industrielles (carton, transport, plastiques, etc.). «Pour le secteur agroalimentaire, cette situation doit être prise au sérieux : les conséquences de ces tensions en approvisionnement pourraient affecter les capacités de production du secteur sur l’ensemble de l’année 2021 et ébranler le rebond des activités industrielles en sortie de crise», alertent les industriels.
Appel aux distributeurs
Les industriels laitiers alertent aussi sur la hausse des coûts de fabrication qu’ils subissent. «Il y a une hausse des coûts industriels sur le transport, l’énergie et les emballages. Nous avons quelques sueurs froides», explique Jehan Moreau, directeur de la Fnil lors de son assemblée générale le 3 juin. «Nous courons derrière les conteneurs maritimes pour exporter», illustre-t-il. Alors, les industriels appellent la grande distribution à prendre en compte cette hausse des coûts. «Si notre industrie est dans l’incapacité de répercuter de manière raisonnable une partie de ces inflations, nos ambitions communes pour une alimentation plus sûre, plus saine, plus durable et une meilleure rémunération de nos agriculteurs, sont en danger !», avertit l’Ania.
La réponse de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) qui représente une partie des enseignes françaises de grande distribution n’a pas tardé. «Merci à l’Ania pour sa franchise. La non-négociabilité des tarifs qu’elle revendique, ce serait immédiatement 9 % de hausse des prix !», ironise sur Twitter son président Jacques Creyssel en faisant planer la menace d’une baisse de pouvoir d’achat si une telle mesure devait être mise en place dans le cadre de la proposition de loi Egalim 2.
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