Viticulture
Une filière "à bout de souffle" manifeste à Béziers
Plusieurs milliers de producteurs de la région sont venus exprimer leur colère et demander un plan de sauvegarde de la filière viticole française, régionale et gaillacoise.
Plusieurs milliers de producteurs de la région sont venus exprimer leur colère et demander un plan de sauvegarde de la filière viticole française, régionale et gaillacoise.
À l’appel du syndicat des vignerons de l’Aude, de la FRSEA et des Jeunes Agriculteurs d’Occitanie, rejoints par les Vignerons coopérateurs et indépendants, plus de 7 000 agriculteurs, viticulteurs et élus de la région se sont réunis ce samedi 15 novembre à Béziers pour lancer un cri d’alerte général et défendre les exploitations face à une crise sans précédent. Hérault, Gard, Tarn, Aude, Vaucluse, Pyrénées-Orientales… les professionnels de la filière ont afflué de nombreux départements pour faire entendre un mécontentement global. Pour la FDSEA du Tarn, le président Cédric Vaute, le président de la section viticole François Fabre, le président de la Maison des vins Cédric Carcenac, et d'autres membres du Bureau étaient présents pour porter la parole des exploitations tarnaises, aux côtés de viticulteurs gaillacois. “Cette large mobilisation régionale montre l’ampleur de la crise dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Si nous n’avons pas d’avancées concrètes et rapides, on va continuer à manifester c’est certain”, réagit le viticulteur tarnais Christophe Caussé et co-secrétaire général de la FDSEA. Réuni dès 15h sur les Allées Paul Riquet, le cortège a ensuite arpenté les rues de la ville héraultaise, armé de drapeaux et slogans, pour informer et alerter les passants attentifs et curieux. Les représentants des syndicats agricoles et le maire de Béziers Robert Ménard ont également pris la parole au cours de l’après-midi pour apporter des messages revendicatifs et de soutien.
Quels leviers pour continuer à exister ?
La mobilisation massive a attiré l'œil de nombreux médias régionaux et nationaux, venus prendre la température d’une filière bien implantée en Occitanie mais qui peine à sortir la tête de l’eau. Pour les producteurs, en plus des difficultés déjà rencontrées ces dernières années (taxes américaines, crise du Covid, aléas climatiques…) s’ajoutent aujourd’hui une baisse marquée de la consommation en France comme à l’étranger, ainsi qu’une augmentation continue des coûts de production. Ce cumul de facteurs entraîne une accumulation des stocks, une vente à perte, des coopératives en tension et des trésoreries insuffisantes pour garantir la continuité de la production. Une situation qui menace grandement les exploitations mais aussi l’économie locale, l’emploi rural, l’aménagement du territoire et le rayonnement international des vins français. Pour faire face à la crise et sauver les exploitations, les enjeux sont nombreux selon les professionnels : rééquilibrer l’offre et la demande, préserver le revenu des exploitants, maintenir la compétitivité et la durabilité de la production française face à la concurrence internationale, soutenir la jeunesse agricole, garantir la transmission des exploitations, simplifier le cadre réglementaire et fiscal pour redonner de la marge de manœuvre aux producteurs.
Au regard de ces enjeux, les producteurs occitans et tarnais ont exprimé des demandes claires :
• déblocage de la réserve de crise européenne et mobilisation de fonds nationaux ;
• maintien d’une PAC ambitieuse et une OCM vitivinicole avec un budget robuste et spécifique ;
• demande d’un “Paquet Vin” efficace ;
• remise en œuvre du dispositif d’arrachage définitif mis en place en 2024 et blocage de la replantation pendant 10 ans après un arrachage temporaire, avec financement d’une prime d’arrachage et, à terme, financement de la replantation sur les fonds de l’OCM vitivinicole ;
• mise en oeuvre d’une aide à la distillation afin de mieux valoriser les vins distillés dès lors qu’un arrachage définitif serait sollicité en parallèle ;
• mise en place d’une nouvelle aide aux jeunes agriculteurs ;
• une évolution d’Egalim pour assurer une juste rémunération des producteurs ;
• activation rapide du dispositif de dégrèvement TFNB, de manière équitable et transparente ;
• une enveloppe budgétaire supplémentaire adaptée à l’ampleur des besoins pour la prise en charge des cotisations sociales ;
• activation rapide du fonds de 10 millions d’euros prévu par le PLF pour financer les opérations de restructuration des caves coopératives ;
• “Pas d’interdiction sans solution” pour éviter les impasses techniques et homologation européenne unique pour garantir cohérence et compétitivité ;
• un guichet unique pour les accises qui constituerait un levier majeur pour lever les freins réglementaires et améliorer la compétitivité des vins européens sur le marché communautaire ;
• application du principe du “Dites-le nous une fois”, qui signifie que les données relatives à la production, aux mouvements de produits soumis à accises ou aux obligations fiscales seraient transmises une seule fois, puis partagées entre les services compétents.