Orage du 19 mai
Une visite ministérielle, et maintenant ?
La profession agricole tarnaise attend des mesures urgentes pour soutenir les trésoreries des exploitations durement impactées.
La profession agricole tarnaise attend des mesures urgentes pour soutenir les trésoreries des exploitations durement impactées.


Moins de 48h après le passage du violent orage dans le Tarn le 19 mai, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a fait le déplacement dans le département pour constater les nombreux dégâts et écouter le désarroi des agriculteurs tarnais. Après une visite dans le Tarn-et-Garonne en début de matinée, elle était attendue pour midi chez l’exploitant Cédric Pradelles à Lautrec, producteur d’ail rose. “Un mur de pluie et de grêle s’est abattu au-dessus de chez nous et aux alentours et a tout saccagé en très peu de temps. C’est apocalyptique. On est démunis face à la situation, on se demande comment on va en sortir”, s’est exprimé l’agriculteur, montrant à la ministre ses parcelles d’ail rose et de céréales gravement impactés par les grêlons. Selon les responsables agricoles, les taux de pertes vont de 50 à 100% selon les exploitations.
"Gérer, c'est prévoir le coup d'après"
La ministre était ensuite attendue à la mairie de Lautrec, où elle a pu échanger pendant près d’une heure, aux côtés du préfet du Tarn, Laurent Buchaillat, avec les représentants des syndicats agricoles, Conseil départemental et régional et Chambre d’agriculture. “J’ai pu constater les dégâts importants sur cette magnifique filière de l’ail rose de Lautrec mais ce n’est pas la seule impactée. Mes premiers mots sont des mots de soutien envers tous les producteurs touchés. Une fois que l’on a dit ça, il faut agir rapidement, notamment grâce à nos deux dispositifs socles qui existent déjà : l’ISN et le régime des calamités agricoles pour pertes de fonds. Les deux vont se mettre en place pour les agriculteurs assurés et non-assurés”, déclare Annie Genevard, qui a rappelé aux agriculteurs l’importance de s’assurer face à la multiplication des aléas climatiques. Pas toujours simple lorsque les trésoreries sont à sec dans les exploitations et que les modes de calcul ne semblent pas adaptés… En réponse au président du Département, Christophe Ramond, Annie Genevard a également mis sur la table quelques mesures qui pourraient être engagées pour soutenir les trésoreries : l’échelonnement des cotisations sociales, l’exonération de la TFNB (taxe sur le foncier non bâti) ou l’exonération de cotisations salariales. “Ma méthode, c’est de venir, de voir et de répondre au plus vite. Pour engager ces mesures, il faut d’abord faire rapidement un état des lieux des dégâts, pour apprécier l’ampleur de la situation.”
Face à la ministre, Cédric Vaute, président de la FDSEA du Tarn, et Christopher Régis, président des Jeunes Agriculteurs, ont également soulevé un autre problème majeur : “gérer, c’est prévoir le coup d'après. Le fossé que l’on a vu en venant, il est plein. Demain, si on a un autre épisode de ce type, ça va s’empirer. Il faut pouvoir entretenir les cours d’eau de suite. Il faut aller beaucoup plus vite et beaucoup plus simple dans les autorisations délivrées aux agriculteurs.” En réponse, Annie Genevard s’est dite consciente de la problématique et a demandé au préfet du Tarn d’explorer toutes les possibilités en matière d’entretien des cours d’eau. Dans la foulée du déplacement ministériel, la DDT du Tarn a répondu favorablement à la demande de la FDSEA et des JA et autorise le curage des fossés (voir page 6). Une réunion de crise était prévue ce mercredi 28 mai à la préfecture du Tarn, en compagnie de l’ensemble des acteurs et partenaires du monde agricole, pour discuter d’éventuelles mesures.
Les demandes FDSEA/JA81 après l’orage
Dans un courrier remis à la ministre lors de son passage dans le Tarn, les deux syndicats, qui avaient regroupé leurs adhérents sinistrés dès le 20 mai, demandent :
• L’indemnisation rapide des pertes de récoltes chez les sinistrés assurés • La mise en œuvre rapide d’une procédure ISN • Un dégrèvement à 100% de la TFNB pour tous les producteurs • Des prêts de trésorerie à taux très préférentiel • Une prise en charge des cotisations MSA • Une aide au re-semis de la culture suivante • La possibilité de pouvoir modifier les liasses fiscales 2024 pour les clôtures antérieures au 31/12/24, de façon à pouvoir y intégrer des DEP, qui seront réintégrées en 2025 suite à l’orage • Une prise en charge des cotisations employeurs • La possibilité de recourir au chômage partiel pour les employeurs ayant du personnel salarié permanent • La possibilité de récolter les jachères hors zone sinistrée, afin de constituer les stocks fourragers, pour en faire profiter aux sinistrés de l’orage • La reconnaissance du caractère de cas de force majeure notamment cas de non-respect de la diversité d’assolement • L’autorisation collective de curage des fossés qui ont été envasés par l’orage.